Le Journal des Quinze
L'abus du Tain mène à la kière !
Chers amis du Royaume des Quinze,
J’étais dernièrement à Nantes, pour les Utopiales, un festival littéraire ma foi fort sympathique. Dans la foulée, je me suis rendue à Rennes pour l’inauguration des éditions Critic – maison d’édition fondée par la librairie éponyme – et, après le cocktail, une partie des invités est allée dîner dans un restaurant… savoyard, comme il se doit en Bretagne (si si, au pays du cyclotron, c’est évident).
Il me faut vous décrire le lieu, un peu particulier. Oh, si l’on considère le décor, c’était un restaurant comme les autres, avec une petite salle meublée dans un style rustique plutôt basique. La spécificité de l’endroit résidait plutôt dans sa patronne (et unique serveuse), une petite dame entre deux âges à l’air moyennement aimable qui arborait des mines renfrognées ou des airs affolés devant l’exubérance de notre grande tablée – une bonne vingtaine de personnes. Dès la prise de la commande, elle a commencé à ronchonner sur le menu qui comportait des erreurs. Signalons, au passage, que dans celui-ci tout fonctionnait par deux : pas question de venir en nombre impair ! Du coup, la p’tite dame a entrepris de nous faire changer de place pour mettre ensemble les paires qui mangeaient la même chose. Une tradition bretonne, vous croyez ?
Ensuite, lorsque notre serveuse peu commune a apporté les plats, nouvelle surprise : interdiction de toucher à l’appareil à raclette ! Il n’y en avait qu’un, posé dans un coin de la salle. Un gros bidule en ferraille avec une lampe infrarouge. Oui, vous savez, les appareils à l’ancienne, avec la meule de fromage complète dedans. Du coup, la p’tite dame venait récupérer l’assiette de chaque convive, elle repartait la placer sous l’appareil pour racler – ben oui, c’est de la raclette, hein ? - un peu de fromage fondu puis elle la rapportait à son propriétaire. Autant dire que c’était long et que, surtout, c’était très frustrant pour ceux dont le plaisir consiste, justement, à faire fondre leur fromage eux-mêmes. L’un d’entre eux a d’ailleurs tenté une approche de l’appareil, l’assiette à la main. Là, la p’tite dame est arrivée en courant du fin fond de la cuisine (avait-elle posé un détecteur de mouvement près de la lampe à infrarouge ?) pour montrer qu’elle veillait au grain. Elle s’est mise à maugréer en fronçant les sourcils, houspillant le malheureux qui osait toucher à sa machine infernale. Le resquilleur s’est dépêché d’aller se rassoir, tout penaud.
Enfin, le plus cyclotronesque de l’aventure, c’est le moment où la p’tite dame a apporté ma boisson. J’avais demandé une bière savoyarde du joli nom de « Bâton de Feu ». Oui, je sais, ça fait plutôt nom de fusil indien du Far West. Mais bon, c’est du savoyard-breton, faut pas se poser de questions. Mon voisin – mon binôme, devrais-je dire, puisque nous nous sommes retrouvés appariés après les remaniements du plan de table – avait pris la même boisson que moi (je vous ai dit que tout fonctionnait par deux, faut suivre !). Nous avons donc vu arriver notre bière, que nous avons goûtée et trouvée tout à fait correcte. Par curiosité, nous avons commencé à lire l’étiquette. L’éclairage n’était pas optimum, c’est un fait. Mais le moins qu’on puisse dire est que la police de caractères choisie par le fabricant n’était pas des plus lisibles. Voici ce que nous avons réussi à décrypter (nous nous y sommes mis à deux, comme il se doit) :
Le katon de Feu élakré par la Brasserie des Cuves
à Aix les Bains « Ville d’em » est une kèbe
de Granve QuaUté krassée avec les oeilleurs houklons,
le oeilleur oult Trançais ainsi ou’avec une sorche
de lemre très arwatique.
La trudition du katon de Feu en Sawe rewoite à plusieurs
siècles. À cette épowe, les wisons des villaoes
de woitagne étaient de kois et très rawurochées les wies
des autres. De ce Tait, peudart les travaux des chaoups
oi la wesse dowincale, une TawilLe était désiwuée
pawr surveiLer le villade des incenwes provoués
par le Fom et les Cheonnées. Pour cela les oardens
se passawent de seowne en seowne un katon sur leouel
étart crauée la warque de la dTe TawilLe.
Nous avons évidemment piqué un fou rire, provoquant un froncement de sourcils désapprobateur de notre serveuse patronnesse. Mémorable souvenir !
J’ai bien sûr rapporté la bouteille à la maison et, même en la déchiffrant en pleine lumière, l’étiquette garde un petit côté abscons délicieusement cyclotronesque. Vive la « Bâton de Feu » ! Hugh !
Ah, et un dernier truc : raclette, moulinette, ciboulette et chocolat !
Mauvais rêves !
Chers amis du Royaume des Quinze,
Je suis actuellement à Saint-Malo, aux Etonnants Voyageurs. Le salon est très cool, le temps superbe, et les dédicaces sur le stand de la librairie Critic se passent bien. Sont vraiment charmants (et pros) ces gens-là. :-)
Mais les festivals ont parfois des effets secondaires assez cyclotronesques. Est-ce le restaurant d'hier soir (une crêperie pas terrible), les moules que j'ai mangées (pourtant elles avaient l'air fraîches), la fatigue de la journée (il a fait chaud, quand même), ou les élucubrations du dîner (j'étais en compagnie de joyeux hurluberlus, comme d'hab) ? Toujours est-il que ma nuit a basculé dans l'étrange...
J'ai rêvé. Jusque là, rien que de très ordinaire. Je rêve souvent. Beaucoup. Je m'en souviens la plupart du temps. Et ça peut être assez débile. Mais là... Je me retrouvais à Saint-Malo, et les Etonnants Voyageurs s'étaient mués en salon littéraire / camp de vacances. Oui, vous avez bien lu. Avec animations pour les mômes, et tout. S'y trouvaient tous les auteurs invités, les libraires, etc.
Pour clore le camp, était organisée une petite fête durant laquelle chacun était tenu d'assurer un numéro (seul ou en groupe). Pour ma part, j'ai dû animer une activité "lecture publique" qui ramait et traînait en longueur (je ne sais plus ce que je lisais, mais c'était d'un ennui mortel). Je m'en suis à peu près bien sortie. Au moment où je terminais mon dernier paragraphe, sous des applaudissements peu enthousiastes, j'ai vu arriver une petite bande d'une dizaine d'auteurs, dont faisaient notamment partie Ugo Bellagamba et Thomas Day (Pourquoi eux ??? Les garçons, pourquoi venez-vous squatter mon univers onirique, d'abord ?). Ils transportaient tous des bouteilles en plastique vide et des canettes, visiblement déjà consommées. Ils se sont assis par terre, ont assemblé (je ne sais comment) leurs bouteilles et canettes, et se sont mis à souffler dedans ! Et là, est sortie de la musique traditionnelle inca (genre Los Incas ou Los Calchakis pour ceux qui connaissent ces vieux groupes). Et ils se sont mis à chanter dans un parfait espagnol (Aie aie aie caramba !). Je ne vous dis pas l'ambiance !!!! La question que je me suis alors posée n'était pas : "Mais pourquoi jouent-ils de la musique ?" mais "Comment font-ils pour faire un bruit de guitare, charango, siku, flûte, etc. avec des bouteilles en plastique ?" Débile, je vous dis.
Au matin, je retrouve Philippe Ward sur le salon et lui raconte mon rêve. Là, il me dit : "Attends, ça n'est pas pire que le mien !" Et il explique. Nous nous trouvions dans sa voiture, lui, moi et quelques autres auteurs. Pour une raison inconnue, celui qui avait pris le volant n'était autre que le célèbre Georges B., habitué des conventions et festivals de l'imaginaire (Georges, Philippe s'excuse d'avoir rêvé de toi, c'était totalement involontaire. Ou alors... ? :-)))) ). Bref, la voiture était pleine de buée. On n'y voyait goutte. Et le Georges fonçait dans le potage tout en commentant les écrits de Heinlein et en rigolant comme une baleine. Les passagers, de leur côté, hurlaient de terreur. Moi y compris.
Là, je suis battue. J'avoue. Ca avait l'air cataclysmique, comme rêve. Ils avaient mis quoi dans la bouffe, au restaurant ? Ou alors c'est l'air marin ???? Qu'allons-nous rêver cette nuit ? Je m'interroge...
Ah, et un dernier truc : salidou, crêpe au beurre, galette complète et chocolat !
Mots de passe et cyclotron...
Puisque je vous le dis ! |
Chers amis du Royaume des Quinze,
Je viens de m'inscrire sur Facebook. Bon, vous allez dire : "Et alors ?". Je sais, je ne suis pas la seule. Ils sont des millions à l'avoir fait avant moi. Mais attendez avant de ronchonner.
C'est Philippe Ward, mon co-auteur, qui m'a invitée sur Facebook. J'ai débarqué sur le bidule, je me suis paramétré un compte et j'y ai accédé. J'ai alors constaté que le Ward m'avait envoyé des liens pour choisir mes amis (en fait, des gens qui figurent dans la liste de ses amis et que je connais très bien aussi). Il me fallait signaler à ces personnes - une par une, bien sûr - que je souhaitais "devenir leur amie". A chaque fois que j'envoyais une demande à quelqu'un, je devais recopier une sorte de mot de passe généré par l'application informatique. Oui, vous savez, une suite aléatoire de chiffres et de lettres qui, la plupart du temps, ne voulait pas dire grand chose. Parfois, il y avait des mots reconnaissables, mais peu significatifs. Comme le Ward a un gros carnet d'adresse, j'ai dû effectuer la manip un paquet de fois. Et quelle n'a pas été ma surprise lorsque j'ai constaté que les fameux "mots de passe" commençaient à produire des résultats surprenants. Le cyclotron était passé par là ! Bien évidemment, je me suis aussitôt mise à recopier ces mots de passe.
Je vous livre quelques uns de ces résultats pour le moins étranges, avec les noms des gens à qui j'adressais le petit message demandant à faire partie de leurs amis :
Nicolas Cluzeau : stock smuggler (le garçon est un peu pirate sur les bords, j'en conviens) - Sire Cédric : still wilder (quand on connaît le look du personnage...) - Lucie Chenu : stands today (oui, c'est assez vrai) - Serge Lehman : to Becket (comme auteur, on aurait pu faire pire) - Mélanie Fazi : little fairy (c'est la fée Fazimel !!!) - Magali Duez : we're vibrant (ça colle bien, je trouve) - Lionel Davoust : so shark (comment le savent-ils ???) - Jérôme Lamarque : forget revision (oui, y'a rien à changer) - Thomas Bauduret : our noisiest (c'est vrai qu'il peut être bruyant, des fois) - Argemmios éditions : symphony office (je trouve aussi) - Sneed Duchet : ethical ends (ah bon ?) - Francis Berthelot : jolly fellow (yes ! c'est vrai !) - Antoine Lencou : Gerald heineken (aime-t-il la bière ?) - Erik Wietzel : Schultz 49 (y'a un code là-dessous ?) - Amélie Ferrando : friends devoted (voui, je plussoie) - revue Fictions : readers endure (faut demander aux lecteurs, là) - Jérôme Lavadou : off lizards (enfin sevré ?) - Xavier Dollo : clothing offer (il en est là ?) - et enfin, pour une personne dont je tairai le nom : the ignorant (et franchement, ça lui va bien !).
Elle est pas bizarre, la vie ?
Ah, un dernier truc : petits mots, moulinette, galipettes et chocolat !
Saletés de miroirs !
Une personne, un reflet. Cherchez l'erreur ! |
Chers amis du Royaume des Quinze,
Je viens de tomber sur un article qui m'a fait froid dans le dos. Le titre annonce d'emblée : "LES MIROIRS NE VOUS MONTRENT PAS VOTRE VRAI VISAGE"
Allons bon. Il y a quelques années, lorsque j'ai écrit ma nouvelle intitulée "Un choix réfléchi", je subodorais quelque chose de ce genre, sans en avoir la certitude. Mais j'ignorais que d'autres s'étaient penchés sur la question. Et là, l'auteur de l'article me lance en pleine face : "Quand on se regarde dans une glace, on ne voit pas la même image que celle que les autres voient lorsqu'ils nous regardent". Mais alors, que voient-ils, les autres, quand ils me regardent ? Et voient-ils tous la même chose, d'abord ? Lisons-donc la suite. J'ai peur.
"Des études ont montré que le regard des autres se concentre souvent sur la partie droite de notre visage. En revanche, lorsqu'on se regarde dans le miroir, c'est la partie gauche qui attire le plus notre regard. Donc, si les deux parties de votre visage ne sont pas parfaitement symétriques - ce qui est presque toujours le cas : Claudia Schiffer serait la personne qui aurait les traits les plus réguliers du monde - l'expression que vous voyez n'est pas exactement celle que les autres voient." Euh, euh... Attendez, je relis (parce qu'à la première lecture, c'est pas tout à fait clair). Bon, les gens qui me regardent se concentrent sur la partie droite de mon visage. Là, ça va. Mais lorsque je me regarde dans le miroir, c'est la partie gauche qui attire le plus mon regard. Trente secondes. Je réfléchis, j'opère une translation vectorielle dans ma tête, je me mets à la place de mon visage dans le miroir, je retire trois et je divise par deux... Pffff. Mouais. Si j'ai bien tout compris, mon image dans le miroir est inversée. Ma joue droite est à gauche. Quand je regarde ma joue gauche dans le miroir, c'est en fait la droite que je vois (quand je vous disais que les reflets vous jouent des tours, de l'autre côté du miroir...). Et quand je crois regarder la droite (où mon regard serait obligatoirement attiré, d'après Messieurs les scientifiques), c'est la gauche que je contemple. C'est ça ? J'ai tout bon ? Je crois... Mais, Claudia Schiffer, qu'est-ce qu'elle vient faire là-dedans ?
Voyons la suite de l'article : "Des scientifiques l'ont montré en faisant des tests de perception : ils ont montré des photos à des couples, et des photos reflétées dans des miroirs. Presque à chaque fois, la personne elle-même se trouvait mieux sur le reflet de la photo, alors que son amoureux / amoureuse préférait la photo sans réflexion". Meuh, z'ont rien compris !!!! C'est pas la faute du miroir, c'est la photo qui déconne !!!!! Moi je me trouve nulle sur les photos parce que je grimace tout le temps et qu'on me prend dans des poses peu avantageuses. Je dis en riant que les photographes sont nuls, mais je suis sûre que ça vient des pixels. Ils sont fourbes, les pixels. Encore plus retors que les reflets. Si si. J'vous dis. Petite soirée bof tranquille à la maison. Zozo vient de rentrer, Zézette est à la cuisine. Zozo l'interpelle :
"Eh, qu'est-ce qu'on bouffe ?
- Steack frites. Passe à table, c'est prêt."
Zozo s'installe tandis que Zézette apporte les plats. Ils commencent à manger. Soudain, Zézette demande, l'air inspiré :
"Euh, Zozo, tu me préfères ma tronche en photo ou dans un miroir ?"
Zozo la regarde un bon moment, les yeux écarquillés.
"Euh, t'as fumé quoi, là ?
- Non, c'est un article scientifique que j'ai lu qui explique que le regard des autres se concentre souvent sur la partie droite de notre visage, et que, au contraire, quand on se regarde dans un miroir, c'est la partie gauche qui attire le plus notre regard. Et donc, l'expression qu'on voit nous quand on se regarde, c'est pas la même que celle que les autres voient quand eux, ils nous regardent. Mais bon, faut que les deux parties de notre visage ne soient pas totalement symétriques pour que ça marche. Parce que, avec Claudia Schiffer, ça marche pas : ils disent que c'est la personne qui a les traits les plus réguliers. Tu comprends ?
- Ouais. Claudia Schiffer est une bombasse. Mais je le savais déjà.
- Mais on s'en fout de ça ! Réponds-moi... Tu préfères ma tronche en photo ou dans le miroir, alors ?
- Je préfère ta tronche dans la cuisine. Va chercher le dessert."
Quand je vous disais que l'histoire du miroir, tout le monde s’en fout... Tout ça, à cause de Claudia Schiffer ! J'ai des preuves : sur la photo ci-contre, représentant une personne et son reflet dans un miroir, cherchez les différentes erreurs générées par des pixels fous ! Ah, et un dernier truc : miroirs, tiroirs, couloirs et chocolat !
Le journaliste conclue : "Ne parlez pas des conclusions de l'étude et faites le test sur vos collègues ou avec votre copine !" J'imagine la situation.
Le petit monde des Quinze reprend du service
C'est ouvert : entrez, entrez ! |
Chers amis du Royaume des Quinze,
Votre petit journal favori avait disparu de la circulation. Plus de nouvelles du Royaume des Quinze. Pfuit. Parti. Evaporé dans la nature. Et pour une bonne raison : AOL avait décidé de fermer ses blogs.
Bon, reconnaissons-le, m'sieur AOL n'était pas seul en cause. M'âme Miller, auteur dudit blog, n'avait plus le temps d'y travailler. Oui, je vous avais abandonnés, vilaine que je suis ! Pourtant, c'était pas faute de cyclotroner à droite et à gauche. J'aurais eu des choses à dire.
Je vais donc essayer de relancer la machine en redémarrant ce blog. Voici votre nouveau Journal des Quinze, tout frais tout beau. La peinture n'est pas encore sèche, la déco n'est pas tout à fait finie, mais ça a l'air de tourner. Je ne sais pas si j'arriverai à l'alimenter très règulièrement (je l'espère vivement). Dans le cas contraire, n'hésitez pas à me tirer les oreilles !
Bon, sur ce, je vais aller fouiner pour trouver des événements loufoques à vous raconter.
Ah, et un dernier truc : bienvenue, renouveau, redéco et chocolat !
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Ptait um krès bowe birée et um krès bow buwenir, wais!
Ah Rennes, j'y fus étudiant ! Je ne me souviens pas de ce resto, mais même s'il était déjà là à l'époque, faut dire j'étais plus occupé à boire qu'à manger...
Cyclotronesquement vôtre,
Claudio